Cerambyx cerdo Linné, 1758 - Le Grand Capricorne
Le grand capricorne du chêne est trop victime d’une image exagérée de sa présence et de l’amplitude des dégâts qu’il occasionne sur nos arbres centenaires urbains et ruraux!...
Il est « avant tout » un parasite de blessures de nos arbres !...
Sa présence sur nos territoires est forte dans certains sites car l’abattage et l’arrachage des forêts et des haies ont concentrés la présence et les impacts de cet insecte.
Ce Cerambycidae est un acteur de la transformation d’un arbre mort et très affaibli, EN HUMUS !...
D’ailleurs il agit souvent en synergie avec les polypores (Où la présence de l’un favorise l’action de l’autre !) et permet de créer des « niches » écologiques favorables aux insectes, oiseaux et reptiles…
Le travail et les impacts des outils mécaniques de coupes (tronçonnage, épareuses) sur les arbres restent les « ouvertures » parasitaires principales de l’insecte !...
Il existe quatre espèces
du genre Cerambyxen France (C. cerd - C. welensii - C. miles - C.
scopolii) Parmi ces espèces, une ne pose aucun problème d’identification (C. scopolii), en revanche les deux autres (C. cerdo
et C. welensii) sont de distinction délicate et demandent un œil particulièrement exercé pour les différencier.
Les critères d’identification sont rappelés ci-dessous, ils sont tirés de l’ouvrage de Bense (1995) :
- ligne glabre sur les deux premiers articles des tarses ……………. C. cerdo
- ligne glabre uniquement sur le premier article des tarses ……….. C. welensii
C. cerdos’observe essentiellement lors de son vol de sortie des adultes (juin), souvent crépusculaire et localisé autour des arbres dont ses larves xylophages endommagent les troncs.
C. cerdo est un des plus grands Coléoptères d’Europe, mais cette espèce possède la particularité de varier en taille, de 17 mm. à 55 mm.
Globalement de couleur noir brillant, C. cerdo présente un pronotum plus étroit à l’avant qu’à l’arrière, avec de profondes rides transverses et une forte pointe conique de chaque côté. Les élytres sont rétrécis vers l’arrière, et plus fortement granuleux à l’avant ; l’apex, rougeâtre, présente une petite épine.
Nota : en Corse, on peut trouver la variété Mirbecki Lucas, 1846 : de grande taille, elle se distingue par sa pubescence grise très fournie, ses élytres plus déprimés, plus carrés aux épaules.
Biologie, écologie et comportements
Début mai à mi septembre, les adultes émergent et se reproduisent. Les mâles se livrent entre eux à de violents combats, pouvant se solder pour l’adversaire malheureux par la perte d’une patte ou d’une antenne. Ces combats pourraient servir à établir une sorte de territoire. La rencontre entre mâle et femelle semble fortuite, et la stridulation (sorte de « cris » produits mécaniquement par un appareil stridulant se trouvant à l’articulation du pro- et du mésothorax) n’intervient pas.
Dès mi-mai, les femelles fécondées pondent dans les anfractuosités et les blessures des arbres des essences feuillues (Orme, Frêne, Chênes, Saules, Tilleuls, Erables, Châtaignier, Charme, Bouleaux...).
Les larves de C. cerdo se développent pendant 3 à 4 ans, surtout dans les chênes (mais pas exclusivement), qu’elles pénètrent à cœur (elles sécrètent une cellulase) et rendent inutilisables pour la fabrication de bois d’œuvre.
Les larves pénètrent dans le tronc en formant des galeries qui grossissent avec la taille des larves.
Au cours de la dernière année de vie larvaire, elles pénètrent plus profondément dans le bois formant de grosses galeries caractéristiques.
La nymphose a lieu au plus profond du tronc.
L’insecte adulte (= imago) hiverne dans sa loge nymphale. A l'approche de la saison estivale, il quitte sa loge par la galerie creusée par la larve et sort du tronc prêt à se reproduire.
Les conditions météorologiques et les qualités nutritionnelles du milieu (arbre) conditionnent la longueur du stade de développement de l’insecte.
C. cerdo EST un parasite de blessures présent sur des arbres malades, voire morts, mais toujours sur pied.
Le grand capricorne est attiré par l’alcool éthylique et par l’acétate d’éthyle dégagé par les arbres qu’il parasite.
L’espèce fréquente les forêts de feuillus mais aussi, et surtout, les arbres isolés dans les campagnes (bordures talus et routes). Les arbres d’alignement et les végétaux des parcs, relativement âgés constituent un habitat très favorable.
Mesures conservatoires de l’insecte :
Le maintien d’arbres âgés favorables pour la ponte reste indispensable.
Cela est valable aussi bien en forêt qu’en zone bocagère.
Les gros arbres présents dans les haies du système bocager et le long des talus et fossés des parcelles agricoles sont des réservoirs d’une grande importance pour cette espèce.
Une attention toute particulière devra être apportée au maintien des gros arbres des haies d’une part, mais aussi à la pérennité de cet habitat.
Eviter la disparition des haies et de ces arbres vieillissants et fortement dégradés en
pensant, dès à présent, au remplacement des sujets les plus touchés par d’autres de même essence ou d’essence différente, pour assurer une rotation des habitats potentiels.
En forêt, le maintien de quelques arbres au delà de l’âge d’exploitation permet la préservation des habitats favorables à cette espèce et à tous les écosystèmes (faune et flore) qui occupent les
cavités et les bois dégradés. Des îlots de vieillissement peuvent être également envisagés.
Voir : Article – Nos forêts sont trop propres !
En Europe, C. cerdo présente une nette tendance au déclin, due probablement en partie à l’évolution de la sylviculture vers la production d’essences à croissance rapide, et vers le maintien d’une “hygiène” souvent excessive de la forêt.
En France, le grand capricorne est considéré comme une espèce menacée. En effet, son développement larvaire est long, et il a besoin pour le mener à terme de forêts anciennes où l’on laisse les arbres moribonds ou morts pourrir à leur rythme naturel. De fait, cette espèce est en net déclin au nord, alors qu’elle semble moins en danger au sud.
GESTION DURABLE des HABITATS artificiels et naturels…
La conservation de C. cerdo passe par l’adaptation des pratiques forestières (retour à un système agro-pastoral) dans les secteurs où l’espèce présente des niveaux de population importants.
La création de “zones refuge” où l’on laisserait pourrir sur place une majorité des arbres morts (type réserves biologiques intégrales ou dirigées de l’ONF) serait une mesure minimale relativement facile à mettre en place DANS TOUTE LA FRANCE.
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